La végéphobie, c'est la faute aux végés!

Car s'ils n'existaient pas, il n'y aurait pas de végéphobie.
Mais ils existent, et ils n'ont même pas besoin d'ouvrir la bouche pour que ça se déchaîne, comme en témoignent ces commentaires sur un article du blog d'Insolente Veggie:

Commentaire signé «mouki» sur le post "VEGGIE PRIDE Genève 18 mai 2013":

À part ça, ma simple participation à la Veggie Pride et à quelques événements connexes m'a valu des réactions très négatives de la part de certaines personnes de mon entourage, je m'en suis pris plein la poire pour pas un rond...

Sans même avoir eu le temps d'ouvrir la bouche sur le sujet (par exemple encore hier soir dans un bar, en dépliant tout simplement un journal qui titrait sur la manifestation), je me suis fait taxer de "prosélytisme agressif", et puis "tu te fais passer pour une victime", "tu refuses le dialogue", "intolérante", "tu crois détenir toutes les vérités", "c'est n'importe quoi, on ne peut pas vivre sans viande" (merci de nier jusqu'à mon existence, qui tendrait à prouver l'inverse), "les légumes souffrent aussi", "je refuse de me laisser convertir", "c'est pas avec des slogans aussi agressifs et stupides que vous allez gagner qui que ce soit à votre cause" (slogan sur la banderole dont la photo figurait dans le journal: You don't eat cats, so don't eat cows), "vous faites exprès de prendre tout le monde à rebrousse-poil", "tu ferais bien de te remettre en question et d'être plus modérée", "la "végéphobie", quelle connerie! Mais enfin personne ne vous agresse! C'est vous qui agressez tout le monde", etc. J'EN PEUX PLUS. J'ai l'impression d'être passée à l'essoreuse. La Veggie Pride est devenue pour moi la Veggie Shame, j'ai juste envie de me recroqueviller jusqu'à disparaître ou alors de m'exiler sur un îlot désert et inaccessible au beau milieu du Pacifique. D'aucuns diront que j'ai tendu le bâton pour me faire battre, eh bien NON, ce n'est jamais moi qui ai abordé le sujet la première (alors que je devrais pouvoir le faire sans avoir peur qu'on me rentre automatiquement dans le lard), et en plus je me suis efforcée de répondre avec un maximum de diplomatie, de douceur et de pincettes, quand bien même j'avais parfois envie de secouer mon interlocuteur jusqu'à ce que son unique neurone daigne s'allumer! Bref, bien des personnes ne se rendent absolument pas compte de leur hostilité ou nie leur agressivité en prétendant que la violence est de notre côté... Pourtant cette agressivité patente, à elle seule, suffit amplement à démontrer la légitimité d'une telle manif'. Mais pourquoi est-il impossible de discuter... *désespérée*

Un peu plus loin, un commentaire signé «Gudule»:

D'ailleurs à propos de justification, même si y a nettement moins de végéphobie en Suisse, c'est vrai que c'est toujours le même schéma :

- tu commandes le plat végé

- une personne te demande si tu es végé

- tu réponds oui

- cette personne rigole, puis se justifie sur son carnisme, puis te traite d'extrêmiste, puis t'engueule parce que tu essayes de l'endoctriner.

O.o et toi t'as rien dit, mais c'est tout de ta faute tout ça.

Le végétarien est donc perçu comme une agression, du simple fait de son existence.
Un certain status quo se met cependant parfois en place, sur le mode «donnant-donnant»: on laisse le végé tranquille, à condition qu'il s'écrase.

Pourtant, nous devrions pouvoir dire ouvertement ce que nous pensons, sans que cela ne soit conçu comme une agression. Nous avons presque tous mangé les animaux, avant de remettre cette pratique en cause. Il n'y a pas d'agression à se demander si ce que nous faisons est légitime, y compris quand ce que nous faisons est ce que d'autres font. Il n'y a pas d'agression à conclure que ce n'est pas légitime, et il n'y a pas d'agression à mettre cette conclusion en pratique, et à partager avec les autres nos raisons.
 

Commentaires

1. Le vendredi 26 juillet 2013, 00:03 par Alavetz

C’est vrai tout ça, aussi j’attaque maintenant le premier, je culpabilise mes adversaires en les traitant criminels.
Au moins ça défoule, et ensuite, ils font gaffe à ne pas remettre la discussion sur le tapis.

2. Le mercredi 11 septembre 2013, 18:43 par Mathieu

Je dois avoir de la chance alors, car cela ne m'arrive plus du tout.
Je crois qu'une des meilleures façons de faire est de ne pas en parler directement. Car sinon, on est plus une personne, on est "un(e) vegeta*ien(e)". Si on laisse aux gens le temps d'apprendre à nous connaitre sans a priori, ils nous voient comme une personne, qui un jour s'avère être vege, mais la c'est plus pareil, parce qu'ils nous connaissent déjà en tant que personne. Du coup, ils ne se sentent pas agressés rien que par notre "état de vegan" vu qu'ils ont bien vu qu'on avait rien tenté pour "les convertir".

De cette manière, on peut rencontrer toute sorte de gens, et ainsi établir dans leur esprit qu'il y a des vegans sympas, joyeux, fun et en parfaite santé, ce qui est pour beaucoup de gens le mieux que vous puissiez faire niveau sensibilisation. Un jour ils vous demanderont quelles sont vos motivations, confronteront leurs clichés sur le vegetarisme avec vous, et vous pourrez alors leur expliquer. Mais la, vous répondrez à LEUR demande, et ils seront du coup bien plus receptifs.

3. Le dimanche 29 septembre 2013, 21:34 par Melanie

Ah ah ! C'est tellement vrai ça ! Une petite anecdote au boulot lors du repas :

- Mais tu ne prends pas de viande ? *air étonné*
- Non, je suis végétarienne :)
- Ah... Mais pourquoi t'es végétarienne ?
- Pour des raisons personnelles et...
(pas le temps de terminer ma phrase que la fille enchaîne direct sur ses arguments)
- Je sais pas, la viande c'est essentiel, c'est utile, on en a besoin quoi, etc. (la fille détourne son regard du mien avec une pointe d'énervement, tout en mâchouillant son cadavre comme si je venais de la provoquer. J'ai cru qu'elle allait m'insulter o_o Enfin, elle a du le faire dans sa tête lol).

Morale : pose pas de question si tu ne veux pas entendre la réponse troufionne ! >:)

Comment une simplement question a pété l'ambiance. Cool. Puis bon, ça doit certainement être de ma faute n'est-ce pas... >_>"

4. Le lundi 28 juillet 2014, 12:55 par O.

Petite expérience récente. Invitée par mon ex. et mes enfants au restau à l'occasion de la fête des mères (oui, on a gardé de bons rapports ;^)). Menu spécial, pas le droit de prendre à la carte, il faut se faire ce qui est prévu. Des deux entrées aux deux plats principaux (menu spécial je vous ai dit), tout contient de la viande ou du poisson. Bon. Je choisis d'emmerder le monde, mais je précise que je suis végétarienne. Bah ils n'ont rien à me proposer. J'ai mangé juste les légumes d'un des plats principaux et une salade verte en entrée. Youpi. D'autant que débordés et mal organisés, il leur a fallu deux bonnes heures pour en arriver au second plat pour le père des enfants. Je suis partie avant le fromage et le dessert, que j'aurais pu apprécier au passage… (Ils ont été corrects sur la facturation, mais bon. Merci le repas de fête, quoi ! Et dans une ville thermale, restau sur le lieu des thermes. Je suis épatée qu'ils n'aient pas plus souvent des végétariens…

5. Le mercredi 10 août 2016, 12:03 par Kikoo Lol

C'est une réaction idiote que l'on retrouve lorsqu'une personne ne boit pas d'alcool dans un groupe : c'est toujours elle qui se fait foutre de sa gueule, voire agresser verbalement...

6. Le vendredi 14 septembre 2018, 14:18 par Sarah

Je me reconnais pas mal dans certains commentaires et histoire. Notamment celui de Mélanie qui date de 2013 mais qui est toujours d'actualité.

J'ai grandi végétarienne, je suis vegan depuis quelques années. Mon végétarisme et celui de ma famille était une décision d'un commun accord.
- A l'école, malgré la demande de mes parents, j'ai été forcée de manger de la viande, punie, humiliée publiquement et frappée par mon institutrice, madame Planque. (A plusieurs reprises).
- A l'école, collège, lycée, la cantine a toujours été une galère. Les jugements des cantinier.e.s, les insultes de mes camarades. Et cette obligation constante de se justifier, d'expliquer pour en arriver à la même chose : la moquerie qui au fil du temps devient humiliante. J'ai appris la résignation et la colère face à l'impossibilité de m'exprimer.
- Au travail, pareil, il faut se justifier. Le simple fait de dire non merci est vécu comme une agression. Je suis violente parce que je ne mange pas de viande, de lait, d’œuf. La violence elle est dans les abatoires et les élevages, pas dans mon propos, pas dans mes actes et mes propos.
On me demande, sans attendre la question on se moque avant de se fâcher et de me dire que je suis une fasciste.
Je suis bi-sexuelle, et j'ai pratiquée ma bisexualité comme le préconise Matthieu : je n'en parle pas. J'ai entendu quelques choses horribles, ça n'a pas toujours été facile mais je pouvais me cacher. Mon végétarisme je n'ai jamais pu le cacher, ni au travail, ni à l'école, ni entre amis, ni en famille. La fac a été le seul endroit où j'ai pu le vivre sans trop de souci: manger dans sa voiture ça retire des problèmes. Je n'ai jamais été violentée parce que j'aimais les femmes, je l'ai été parce que je ne voulais pas manger de viande.
Il y a quelques années, j'étais à une soirée, quand j'ai refusée un plat, 4 secondes plus tard j'étais insultée et la gifle venait me secouer, moi la pute donneuse d'ordre. Quelques années après c'était une part de pizza que je refusais, mon ami s'excusait, il m'avait oublié. Ce n'était pas grave, je mange toujours avant d'aller en soirée. Un homme, que je ne connaissais pas se lève et m'insulte de salope, de connasse, ça fuse. J'essaie de répondre, il se fout de ma gueule, j'ai mal pris l'insulte mais c'était de l'humour. Il continue sur des blagues, mon ami, mon compagnon (omnivore) rigolent, je finie par me barrer, c'est l'éclat de rire générale.

Alors non, tout n'est pas exactement pareil d'un individu à l'autre. Et oui parfois être végéta.l/r.ien c'est plus difficile que d'aimer quelqu'un du mec sexe.

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